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Le Tactical Leadership Programme (TLP) passait de Florennes AB à Albacete en Espagne : c’était il y a 5 ans déjà.

Les Forces Aériennes Alliées en Europe Centrale (AAFCE), afin d'améliorer leurs capacités tactiques, leurs techniques et procédures, créèrent le Tactical Leadership Programme (TLP). En Janvier 1978, les six pays signataires : Belgique, Canada, Allemagne, Grande-Bretagne, Pays-Bas et États-Unis formèrent l’AAFCE - TLP à Fuerstenfeldbruck AB en Allemagne. Les cours du TLP consistent au départ en un séminaire de deux semaines pendant lesquelles les équipages étudient les tactiques de l'OTAN, les procédures pour les opérations possibles sur les champs de bataille de la guerre froide. Après avoir déménagé à Jever AB (en Allemagne également) en 1979, la session de cours passa à quatre semaines avec l’ajout de phases de vol.
Après 71 séances de cours et 2000 membres d'équipage de l'OTAN ayant obtenu leur diplôme, le TLP déménagea à Florennes AB en Belgique en 1989. Cette base avait les infrastructures et les espaces disponibles après le départ du 485e Tactical Missile Wing de l’USAF.
     

 Les missions de vol étaient menées sur des espaces aériens couvrant la Belgique, l’Allemagne et le Royaume-Uni mais aussi la France avec de grandes opérations aériennes combinées (COMAO) comprenant des dizaines d’appareils.
En 1997, après le démantèlement de ses Forces aériennes en Allemagne, le Canada s'est retiré du programme mais a maintenu un officier de liaison au sein du personnel. Trois autres pays prennent part par la suite à l'Organisation des Nations signataires du protocole : le Danemark et l'Italie en 1996 et l'Espagne en 2002. A la même époque, la France est invitée a participer à des cours incluant les vols.

L'organisation actuelle du TLP.

 L'organisation du TLP est basée sur un protocole d'entente (PE) entre les Forces aériennes de ces 8 pays. A travers leurs contributions, ces nations peuvent envoyer un certain nombre d'étudiants aux cours respectifs et ont le droit d'influencer sur les décisions du TLP. D'autres nations comme la Grèce, la France, le Portugal, la Turquie, la Pologne, la République tchèque peuvent être invités aux cours.
Environ 50 officiers, la plupart d'entre eux instructeurs expérimentés, avec le soutien de 100 militaires et civils belges formaient le personnel du TLP à Florennes en 2009. Ce personnel était dirigé par un commandant de la nation hôte (Belgique jusqu'au 30 Juin 2009). Le dernier à occuper ce poste fût le colonel J. Steyaert. L’organisation été orientée autour de plusieurs branches afin de couvrir toutes les tâches du TLP.
Toutes ces branches sont dirigées par un chef de service qui change de nationalité suivant le protocole d’entente. Les autres pays soutiennent le personnel du TLP avec un agent de liaison.
Toutes les grandes décisions sont prisent par consensus lors d’une réunion d’administration annuelle.
     

La Mission aujourd'hui.

 La mission du TLP est d'accroître l'efficacité des Forces aériennes alliées à travers le développement de compétences en leadership, de l’information, des planifications de missions, des opérations aériennes tactiques, des techniques de débriefing et des initiatives doctrinales.
 Pour atteindre ces objectifs, chaque année, 6 cours de pilotage ont lieu comprenant 15 missions différentes dans lesquelles un commandant de la mission est sélectionné parmi les équipages participants. Ce ‘commandant’ doit alors coordonner les différentes capacités des différents aéronefs pour avoir le meilleur résultat pour la tâche demandée. Ces tâches peuvent aller de la défense aérienne du territoire de l'OTAN, aux contre-mesures électroniques, à la reconnaissance ou encore au sauvetage des équipages d'avions abattus. Jusqu'à 30 avions de combats, appuyés par des hélicoptères et des avions ravitailleurs, sont opposés à diverses forces au sol, dans les airs ou maritimes qui simulent les forces hostiles.

 Pour chaque séance de vol, c’était environ 500 personnes, des techniciens, qui se déployaient à Florennes. Pour débriefer le vol quotidien, le TLP utilisait les installations de contrôle de combat aérien avancé (AACMI), cette infrastructure permettait aux équipages et à leurs instructeurs d’analyser les manœuvres de chacun des avions après la mission d'évaluation, de constater l'efficacité de l'emploi des contre-mesures contre les forces hostiles. Voici ce que nous disait le Colonel Steyaert: « Les principaux objectifs de nos cours de pilotage sont d'enseigner une certaine méthodologie avec laquelle tous les stagiaires et les futurs commandants de mission seront en mesure de s'attaquer à peu près à n'importe quel type de problème tactique. Un des autres objectifs est d'apprendre les uns des autres des capacités propre de chacun ».
     

 Tous les participants ont les capacités d’utiliser des munitions Joint Direct (JDAM), des bombes à guidage laser (LGB) ou encore le Link 16 pour la communication.
Il est évident que, depuis 30 ans, les cours liés aux tactiques ainsi que les règles d'engagement (ROE) ont beaucoup évolué avec les ces nouvelles capacités. Pendant son installation sur la base de Florennes, 3400 diplômés y ont été formés (pilotes et officiers des systèmes d‘armes).
Les cours théoriques sont destinés à du personnel en vue de la participation future aux cours en vol. Chaque année, 14 cours théoriques, en moyenne d'une semaine, forment le calendrier académique du TLP. La planification des sujets sont les opérations aériennes combinées (COMAO), l’étude de la défense aérienne (ADS), la guerre électronique (GE) ainsi que l'Intelligence (INTEL). Près de 500 étudiants par an passent par la section académique du TLP.

Les raisons du déménagement en Espagne.

 L'accomplissement de la mission du TLP dans le 21eme siècle est devenu de plus en plus difficile en Europe centrale. Dans le passé, les opérations aériennes militaires étaient plutôt conduites dans les basses altitudes, sur base de la nécessité d'acquérir la cible visuellement ou avec des capteurs à courte portée. Ces opérations de vol amenaient beaucoup de charge de bruit sur la population en Europe centrale. Aujourd’hui, ces opérations aériennes militaires, grâce aux nouvelles armes et aux équipements des avions modernes, se concentrent davantage sur des scénarios de moyennes et hautes altitudes. Mais ces altitudes sont également utilisées par les opérations aériennes civiles. C’est ainsi qu’en 2006, les 8 nations décidèrent de relocaliser le TLP sur la base de Albacete en Espagne. L'espace aérien espagnol offre un plus grand volume, sans restriction des zones d'entraînements militaires, avec de meilleures conditions climatiques, pour des vols militaires à toutes les altitudes et des possibilités pour les opérations de nuit.
Le 30 juin 2009, le TLP cessa ses opérations à partir de la base aérienne de Florennes. Deux nouveaux pays membres, la France et la Grèce devinrent membres à part entière du TLP PE.
Pendant les derniers mois de 2009, c’est 65 % de l'état-major international qui se déplaça à Albacete. Le TLP reprit son programme de formation à la mi-octobre 2009, avec le Colonel espagnol JM Salom à sa tête avant le premier cours de pilotage qui commença en novembre de la même année.
En 2010, 6 cours complets de pilotage furent menés dont certains d'entre eux comprenaient également une semaine d'opérations de nuit.
Le transfert eu un impact sur les activités menées à Florennes AB, spécialement sur les installations laissée libres. Malheureusement, les activités pour tout le personnel civil avaient également cessé et une dizaines de personnes perdirent leur emploi.
Les espaces aériens locaux et internationaux ont été réorganisés avec d’autres priorités et une charge de travail réduite depuis le déménagement du TLP.
     

Les nouveaux défis.

Les nouveaux défis avaient déjà commencé à Florennes pour se poursuivre en Espagne.
Le premier défi sera d'intégrer des pays non-membres de l'OTAN aux opérations aériennes tactiques de l'OTAN avec leurs plates-formes et des expériences doctrinales différentes au niveau des équipages.
Pour le moment, les opérations de vol ne sont pas permises aux non-pays de l'OTAN en raison des règles de l’organisation.
Le deuxième défi sera l'intégration de nouveaux systèmes d'armes comme les véhicules aériens sans pilote (UAV), les aéronefs-radar volant (Airborne Stand-Off Radar ou ASTOR) ainsi que les systèmes de surveillance conjointe de cibles d'attaque (type Joint-Stars) dans des scénarios plus complexes.
   

D’un point de vue personnel, j’ai eu l’occasion de suivre et de photographier bon nombre de ces opérations depuis la base de Florennes et j’en garde des souvenirs inoubliables. Des décollages pendant une demi-heure de tous types d’avions, allant des F-16, F-15, Tornado et F-18 aux F-4 en passant par des Super Etendard ou encore des AV-8 Harrier et ceci dans toutes les conditions météo : quel spectacle !
Au début de son installation à Florennes, début des années 1990, des F-111, F-14 ou EA-6B étaient parfois présent pour des cessions.
Bon nombre de types d’avions de l’inventaire de l’OTAN passés par Florennes pour les TLP ont maintenant disparu.
Lors des prochains numéros de Flying-Zone, je vais continuer à vous faire vivre ces souvenirs grâce à mes photos d’archives du TLP à Florennes.