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Retour sur la présentation du Lockheed Martin F-35A au Salon Aéronautique du Bourget 2017

Benoît Denet - Septembre 2017



 Dès l’annonce d’une démonstration du F-35A lors de ce salon, cet évènement à venir déclencha de nombreux commentaires et attentes. Nous allions enfin voir en Europe ce qu'avait dans le ventre le nouveau chasseur de Lockheed Martin. Il devint vite clair que la plus grande société de défense et de sécurité au monde voulait marquer le vieux continent. Les pays clients déjà nombreux ainsi que les potentiels autres acheteurs devaient être rassurés après les nombreuses critiques reçues ces derniers mois. Pour rappel, la venue de cet appareil en 2014  lors du Salon Aéronautique de Farnborough avait été annulée en raison de soucis de moteur, ce qui a suscité les interrogations des médias. Et ce ne sont pas les quelques passages en vol d'un F-35B lors de l'édition 2016 de Farnborough qui ont fait taire les critiques.
Les deux Lightning II présents à Paris venaient de l'USAF et plus particulièrement de la base de Hill dans l'Utah. L'appareil prévu pour les démonstrations durant la semaine du salon était confié aux mains expertes de Billie Flynn, pilote d'essai canadien de Lockheed Martin. Je me rappelle ce qu'il m'avait dit lors d'une rencontre en 2014 à Farnborough : "J'ai eu l'occasion de voler sur de nombreuses machines de combat, du F-18 à l'Eurofighter en passant par le F-16 et le F-35 est vraiment une machine à part! C'est une autre génération d'avion de combat".

     


Lors de la conférence de presse présentant les manœuvres, les trois pilotes d'essais présents dont Billie Flynn répétèrent que cet appareil de combat n'avait aucun concurrent à sa hauteur. Après les explications des cinq manœuvres importantes de la démonstration et les remerciements au "Department of Defence US" et à ses techniciens, le pilote canadien rajouta ce commentaire: "Je remercie le directeur des vols, ici au Bourget, ainsi que toute son organisation pour s'être adaptés ainsi que l'espace octroyé à notre démonstration. La démonstration que j'effectue n'est pas ce que l'on voit dans un airshow. Ici, vous verrez un appareil de cinquième génération, ayant la capacité "stealth", capable de dominer l'espace de combat dans lequel il évoluera et cela pour les décennies à venir. Concernant la version du software dans l'avion que je vous présenterai cet après-midi, elle  est du type 3i qui limite les manœuvres à 7G, la future version 3F permettra des phases à 9G."
J'avais encore des doutes et j'attendais avec impatience de voir la "bête" dans ses œuvres. L'appareil allait-il être au rendez-vous et balayer d'une démonstration les nombreuses critiques ?

Passons au vol : Après un décollage plein de puissance, le Lightning II est parti verticalement pour un demi-tonneau suivi d'un demi-looping. Rien de très spectaculaire, mais une chose m'a directement frappé : c'est le volume de l'espace qui lui est nécessaire pour cette évolution. Arriva ensuite un looping à quatre faces, une manœuvre bien connue. La suite est un passage à basse vitesse, décrite d'après Lockheed Martin comme dépassant les 25 ° d'angle, suivi par une montée toute en puissance. Une fois encore, rien de révolutionnaire ou hors du commun. La quatrième phase est une montée suivie d'une descente en "feuille morte" dite "Pedal Turn" où le F-35A descend presque à plat de manière contrôlée. La dernière manœuvre fut un virage à 360° à pleine puissance. Au total, le vol au duré six minutes.
En conclusion, je dirais que cette démonstration n'est pas celle d'un Rafale, d'un F-16 ou d'un F/A-18E/F ou encore d'un Sukhoi Su-30. J'ai pu comparer les évolutions de ces différentes machines au Bourget ces dernières années et je comprends mieux pourquoi Billie Flynn remercia le directeur des vols pour l'espace qui a été adapté à ses évolutions. En effet, le volume de démonstration du F-35 est nettement plus grand. L'autre conclusion qui saute aux yeux est le manque de dynamisme! Nous sommes très loin des démonstrations remplies de puissance et maniabilité. Bref, pour moi au sujet de cet appareil de combat, le mystère reste entier. Certes, c'est certainement une plateforme complète capable d'innombrables tâches, allant de la détection des menaces, à l'analyse et le transfert d'informations ou encore du bombardement de précision, et tout cela dans un environnement hostile. Par contre, au niveau de la maniabilité, j'attends de voir les évolutions futures car nous sommes loin de certains appareils de quatrième génération.