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En vol en Alpha Jet lors du 21 juillet.

Benoît Denet - Août 2017


 A l'occasion du défilé du 21 juillet dernier, il m'a été donné l'occasion de pouvoir voler en Alpha Jet au-dessus de la capitale.
La veille du vol, après une visite médicale d'usage à l'hôpital militaire Reine Astrid de Neder-Over- Heembeek, j'avais rendez-vous à la section survie de la base de Beauvechain. Et me voici en train d'essayer tout un équipement avec la combinaison de vol mais surtout l'ajustage de la combinaison anti G. Cette dernière me permettra de mieux supporter les fortes accélérations.
Le 21 juillet, le rendez-vous est fixé à 9h à Beauvechain, ce qui me semble bien tôt. Après la rencontre avec nos pilotes respectifs, un long briefing sur l'avion ainsi que sur son cockpit est ponctué par une partie imposante sur les procédures de sécurité et d'éjection. Je comprends mieux maintenant les raisons d'un rendez-vous si matinal pour un vol prévu vers 15h…
Cette matinée se terminera par un échange avec mon pilote, installé dans le cockpit, pour revoir au complet tous les instruments et une fois encore toutes les procédures d'urgence.
Il est grand temps d'aller se nourrir et surtout de bien boire. En effet, il risque de faire chaud et avec tout mon équipement et mon casque muni d'un masque à oxygène, la déshydratation me guette.
14h20, il est l'heure de se rendre aux avions. Le mien est l'AT-30, je suis comme "saucissonné" dans ma combinaison anti G. Notre "crew chief " nous attend, il m'aide à monter, puis c'est à mon pilote de venir m'aider à me harnacher. Il faut dire qu'en plus des harnais, des sangles autour des mollets doivent être reliées au siège pour protéger mes jambes en cas d'éjection. Il fait déjà très chaud et sans les moteurs en marche, pas d'air conditionné dans l'habitacle… J'ai bien fait d'encore boire beaucoup d'eau avant de monter dans le cockpit!
Tout est prêt, une dernière revue des procédures de fermeture de la verrière et des goupilles de sécurité du siège par le mécano, me réconforte. Tout devrait bien se passer.
Je redoutais la chaleur sous la verrière, mais l'attente d'une vingtaine de minutes est tout à fait supportable. L'heure approche et je reçois le signal de mon pilote, il va lancer les moteurs. La verrière est fermée puis ré-ouverte pour laisser passer un peu d'air frais. La climatisation est maintenant fonctionnelle avec les moteurs en route. Tous les checks sont faits et nous débutons le taxi, nous serons en troisième position dans la file d'attente.

     

Au timing prévu au briefing, ça y est, nous nous alignons et la machine s'élance vers le ciel. La montée est bonne mais pas excessive. Peu après le décollage, au Sud de Wavre, nous prenons le cap d'Anvers, toujours bien espacés. A 1100 pieds, soudain nous croisons les Red Devils quelques centaines de pieds plus bas. Il y a beaucoup de monde en l'air aujourd'hui en plus des appareils civils venant s'aligner pour l'atterrissage à Zaventem. Un peu plus tard, nous rattrapons le "15 Wing" avec les C-130, Falcon et autre Airbus A321, cette fois nous passons en dessous. Mon pilote me demande de garder un œil dehors car les nombreux appareils sont répartis sur différents niveaux de vol. Tout se passe bien malgré les turbulences et accélérations. Le pilote me propose de nous rapprocher du leader pour quelques photos. J'approuve bien évidemment…

     

 Nous sommes en avance de quelques secondes sur le planning. Le timing des fumigènes au- dessus du palais royal doit être des plus précis car c'est nous qui ouvrons le défilé. L'autre interrogation est de savoir si toutes les couleurs seront bien au rendez-vous. Je reconnais Gand, il est temps de revenir vers la capitale, nous sommes à 900 pieds. A partir de maintenant tout va très vite, nous arrivons proche de Grand Bigard, toute la formation est bien serrée et je peux voir l'Atomium en arrière-plan. Quelques mètres nous séparent et le top est lancé, les couleurs nationales sont projetées, quelques centaines de mètres au-dessus des immeubles de Bruxelles. C'est impressionnant ! Vu ma position à droite dans la formation, je n'ai pas l'occasion de voir la tribune royale cette année. Il est déjà temps de couper les fumigènes. Je peux apercevoir au loin l'aéroport de Zaventem, tout s'accélère et nous prenons la direction de Beauvechain.

         

 Il est prévu de passer en virage serré avec un nouveau lâché de couleurs, mais pour cela le ciel doit être libre. Nous partons donc vers Schaffen pour du holding avant un retour vers la base brabançonne. Tout est parfait, nous passons à la verticale de la piste, en virage, avec un dernier panache de fumée…

     

 Mon pilote m'annonce qu'il faut se préparer pour le break, la formation change et nous venons nous placer à gauche d'un box de trois avions. Après le décompte, nous partons pour un virage "très" serré à droite, on était proche des 5G et ma combi a bien remplie sa tâche… Je dis à mon pilote qu'il me semblait bien serré ce virage. Ce à quoi il me répond: " je suis pilote de chasse, pas d'un avion de transport !". Il riait... C'est en effet un ancien pilote de la 350ième, ayant notamment participé aux opérations OGF au-dessus de l'Afghanistan.
Le train est bien sorti tout comme les aérofreins et le touché est parfait avec le nez bien maintenu en l'air. 1h20 de vol, le job est fait.

 

 Je peux, après avoir reçu l'instruction de mon pilote, remettre les goupilles de sécurité et entrouvrir ma verrière.
Après le retour au parking, il est temps de faire quelques photos souvenirs avec tous les équipages de ce vol mémorable et rempli d'émotion. C'était normalement le dernier défilé du 21 juillet des Alpha Jet avec les couleurs nationales…

     

Je vais bien dormir ce soir, la tête remplie de souvenirs et d'images uniques, mais aussi avec quelques petites courbatures de bonheur!